SCÈNES ORDINAIRES À BORD DU TRAIN DE JAKARTA - Île de Java - Indonésie
Le Bahasa Indonesia, la langue officielle définit par ce joli nom le train : Kereta Api – cheval de feu. La société K.A.I. – Kereta Api Indonesia - exploite le réseau de chemin de fer. Les lignes se limitent à Java et à Sumatra. C’est à Java, que les trains sont les plus confortables avec trois classes distinctes : Executive , Bisniss et Ekonomi . Le train à Jakarta est d’un tout autre ordre. A l’inverse des trains longue distance, il n’existe pas de classes. Toutes sont Ekonomi et Executive... par l’imagination, suivant la position sociale où nous souhaitons nous situer. Quoi qu’il en soit, les transports, surchargés, sont insuffisants partout. Malgré les efforts de Jakarta, qui a ouvert en 2004 le Busway, un réseau en site propre de quelques treize kilomètres, établis le long des artères les plus congestionnées.
Le matin de bonne heure, l’Indonésien sort de Jalan Jaksa, son lieu de vie. On dit beaucoup de choses avec jalan. Il signifie marcher ou se promener (jalan-jalan), mais aussi voie de chemin de fer (jalan kerata api) et rue. Jalan Jaksa est la rue des hôtels bon marché de la capitale, c’est là que les routards du monde entier échouent. Quand vous dites à un Jakartien : « Di mana dari Jaksa » - je viens de Jaksa- il décoche un sourire en coin.
De mauvaise réputation, Jalan Jaksa fourmille d’une vie extraordinaire. Une faune et une ambiance qui n’existent nulle part ailleurs. Des jeunes avec leur sac à dos déambulent pour négocier leur chambre dans les hôtels. Des femmes aux enfants métis, le plus souvent d’un père bule - étranger à la peau blanche - s’accrochent à leur jupe... souvent très courte ou au jean. Elles se promènent, une banane frite à la main, un soda dans l’autre, sans but précis. Les warung makan - petits restaurants en plein air - envahissent les trottoirs. Des homos chattent dans les cybercafés Internet, ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Des ojek - motocyclistes transportant des passagers - attendent un client en faisant un brin de causette, ou une sieste sur le trottoir. Tandis que les taxis et les bajaj , triporteurs oranges avec leur moteur, crachant de la fumée, roulent au pas pour héler un passant. Sans oublier tous les cafés, le « Betawi », le « Papas Café » et le « Memories Cafe »... où des groupes de musique se succèdent chaque soir, remplis d’ « expat » souvent ivres. C’est la rue de tous les vices, la rue de toute la vie.
Un bon kilomètre plus loin on atteint la gare de Gondagdia, la même deux ans auparavant. Ici les machines, qui fument et grondent... ce sont les hommes. Voie A ou B ? Direction Utara - Nord - ou Selatan – Sud ? Tous ces noms de station font rêver. Mille cinq cents rupiahs (quinze centimes d’euros) pour Pasar Mingu, le marché du dimanche... ouvert tous les jours de la semaine. La première impression que laisse le train à Jakarta, c’est la foule. Non pas celle des « pas perdus » à Saint-Lazare, avec ses cadres s’en allant dans les tours de la Défense tous les matins, rejoindre leur lieu de travail, mais plutôt celle de la vie avec un grand V. Des familles qui ont passé la nuit dans le hall, rangent leur lieu « d’habitation ». Ils quémandent leur sarapan pagi, petit-déjeuner, composé le plus souvent de thé, de riz et de fruits. Les enfants sales comme des peignes entament une partie de football au milieu des gens. Une femme, une bassine dans le caniveau, lave son linge. Un orang tua - vieil homme - plie ses cartons, précieuse couche qu’il garde pour la nuit prochaine. Le premier train arrive, avec une exactitude digne d’une certaine société nationale. C’est le moment que choisissent les vendeurs de rue (de train !) pour traverser les voies et investir les voitures.
Comme à mon habitude, je m’imagine demi de mêlée dans le XV de France et « rentre dedans ». C’est une bousculade sans nom pour monter dans le wagon. Des jeunes, principalement des étudiants, grimpent sur le toit, s’agrippant aux fenêtres et aux pics tordus installés, genre anti-pigeons. Une fois sur le toit, ils s’assoient coincés sous les fils électriques. Si l’un d’eux se lève c’est la mort assurée. Au lieu de cela, ils grattent sur leurs guitares, se souhaitant selamat makan, bon appétit, en dévorant leurs petits-déjeuners.
« Hello Mister ! » me siffle l’un de ces jeunes. Il me tend la main. Un instant de réflexion. «Tidah mekesi » - Non merci. Ce ne sera pas cette fois-ci que je prendrai des photos « Vu d’en Haut », mon matériel photo et les poches remplies de pellicules ne me le permettraient pas.
Serrées comme des sardines à l’intérieur, certains s’accrochent à l’extérieur du train, collés comme des geckos. Ce petit reptile, doté de cinq cents milles poils sous chaque patte, et s’accrochant à des parois mille fois plus lisse que le verre, a la faculté de porter chance. Ils pullulent en Indonésie. Les Javanais portent une attention particulière au mysticisme et au paranormal. En trouver un avec deux queues, comme chez nous un trèfle à quatre feuilles et le garder dans son portefeuille vous assure une réussite dans les affaires ou bien au casino. Si vous entendez un nombre impair du chant du gecko, sama-sama - pareil.
Pour revenir à nos voyageurs, d’autres se tiennent par la ceinture dans l’encadrement de la porte, retirée depuis des lustres, pour ne pas tomber sur la voie.
Le train démarre lentement. Il prend de la vitesse. Bang, bang, bang. Le rideau est levé sur la pièce de théâtre.
Un jeune garçon crie « Kompas, Kompas ! », le nom d’un journal national indonésien. Il croule sous un paquet de papiers qui donne les nouvelles de la veille. Sa petite bouille et ses yeux brillants me fait sortir mon appareil photo, caché sous ma veste par sécurité. Les gens me fixent.
Je ne connais pas la peur physique dans mon métier de photographe, mais la peur pour mon matériel. Imaginez, un Bule n’a comme moyen de transport que le train. Dans un guide connu de tous les routards de la terre entière, le train n’apparaît pas sous la rubrique « Comment circuler » à Jakarta. Et c’est bien dommage. Je me promets d’être le guide pour une agence de voyage !
La veille, un taxi fût braqué en plein jour par un homme pour voler son passager australien. Je le lis sur l’un des journaux de mon gamin, crieur de... ces mêmes journaux.
Mes amis indonésiens, depuis belle lurette, ne veulent plus m’accompagner dans mes chevauchées fantastiques de la jungle urbaine. Ils me traitent de orang gila - homme fou - car le train, pour eux, n’est pas un moyen sûr de déplacement. C’est plein de « criminals », pour un indonésien, toute la délinquance réunie.
Je shoote au grand angle, qui me donne une vision extraordinaire derrière mon objectif. Parfois, cela fait rêver. Victor Hugo a dû voyager pour écrire Notre-Dame de Paris et sa cour des miracles. Oui, la cour des miracles... Esmeralda absente !
Trois petites filles s’arrêtent en tête du wagon. La première croule sous un gros haut-parleur et un lecteur de cassettes. La seconde tient un micro en chantant à merveille. Et la troisième, haut comme trois pommes, se déhanche pour ressembler à une danseuse du ventre, elle n’a pas plus de cinq ans. Elle tend son sachet vide de « Riso », marque de lessive, dont le contenu sonne des petites pièces, récoltées depuis un bon moment. Leurs visages sont tristes à mourir.
Ne pas donner d’argent qui inciterait leur patron à continuer cet esclavage des temps modernes. Il dépose ces enfants la nuit, quand la police ne contrôle plus et ramasse l’argent le soir suivant. Et malheur à à elles, si elles ne fournissent pas la somme escomptée.
Un cul-de-jatte, aux moignons sanguinolents, les deux jambes attachées par un bout de ficelle, se traîne péniblement. Un aveugle suit se cognant aux passagers.
Te botol, pisang,te botol, pisang... - thé, banane, thé, banane -. Je suis surpris par cet homme me bousculant, avec sa glacière à roulettes. « Mas, berapa ? » – Combien ça coûte ? Mon estomac glousse depuis un bon moment, je n’ai avalé qu’un thé sur le pouce avant de partir. Je me goinfre de ces petites bananes pâteuses, jetant ensuite la peau sur le plancher, réflexe et mauvaise habitude que j’ai prise en Indonésie.
J’ai honte. A ce moment précis, un jeune homme se traîne à mes pieds avec un balai sans manche, poussant des ordures et tendant une main. C’est la femme de ménage des wagons.
À chaque instant, les gens jettent une pièce à toute cette population de mendiants. L’aide, la solidarité tient une grande place dans la société indonésienne. Une femme musulmane pratiquante m’expliquait que son dieu Allah la regardait et notait tout dans un grand livre. Et si un jour, elle se retrouverait dans la même situation, les gens n’oublieraient pas sa générosité.
Le train beuglant à travers les habitations salit tout sur son passage. Nous appelons en Occident ces habitations, des bidonvilles. En regardant défiler le paysage, je réfléchis un instant sur l’origine de ce mot, sans réponse.
J’aperçois au loin une mosquée. Je me remémore un souvenir. A Glodok, quartier nord de Jakarta, j’entraperçus une « Musulla », mosquée des autres jours que le vendredi, jour de la grande prière. Elle est coincée entre la ligne de chemin de fer et un large fossé rempli de tout ce que vous pouvez imaginer. Le seul accès pour l’atteindre est une petite passerelle en bois. Au passage d’un train, le muezzin gueulait littéralement pour appeler à la prière, ses paroles couvertes par l’avertisseur de la locomotive.
Je décide de changer de wagon, la populace s’étant clairsemée au fil des stations. Je tombe nez à nez sur un vendeur de... matelas ! Je me promets si un jour je cherche à m’installer, ce sera dans un train...
Un panneau fonce droit sur moi. Je me dégage au dernier moment. Un mètre sur deux, couvert de lunettes et de montres, un jeune garçon propose des lunettes de vue. Beaucoup d’Indonésiens ne connaissent pas l’ophtalmologiste mais simplement l’achat de lunettes, environ deux cents milles rupiahs – vingt Euros - dans une boutique et même... dans le train. Véridique, je l’ai vu de mes propres yeux !
Parmi les occupants, j’allais oublier... les nyamuk, comme son nom l’indique, les moustiques. Ils volent, se rapprochent de vos oreilles pour vous signaler l’attaque et piquent à tous les endroits de votre corps. Les moustiques, apportent depuis quelques années une recrudescence de la dengue. Cette maladie représente environ 1 % du nombre de décès en Indonésie. Et parfois, le gouvernement ouvre les hôpitaux gratuits aux pauvres, lorsque certaines années de pluie abondante, le chiffre monte à 2 %. J’ai la vague impression, lors du voyage, qu’ils montèrent dans mon wagon ! Comme me l’a dit un jour un ami, les moustiques aiment les touristes.
Dans un bruit de casserole, les wagons se cognèrent les uns aux autres, j’arrive à destination.
Je descends sur le quai de la station, qui ferait penser à un marché de nos campagnes. Des petites roulottes qui se nomment kaki lima - cinq pieds – avec deux roues de bicyclette, deux bouts de bois servant de supports à l’avant et un autre à l’arrière pour la stabiliser à l’arrêt, sont remplis de tout ce que nous souhaiterions trouver dans un supermarché.
Je m’arrête pour acheter un CD de musique, une copie bien évidemment. Le vendeur n’a pas l’album que je souhaite, de la musique acihais, version rock. Un artiste très en vogue à Banda Aceh. « Minut, Mister ». Cinq minutes passent et mon disquaire revient avec le CD musique. Je le paye trois milles rupiahs – trente centimes d’Euros -.
Je ne me ruinerais pas si mon ordinateur ne l’accepte pas.
Le warung makan - petit restaurant de rue - est répandu. A toute heure du jour et de la nuit, des gens sirotent un thé, déguste un mie baso – bol de pâtes avec des boulettes de viande reconstituée, généralement du buffle – en fumant une kretek, cigarette au clou de girofle, fierté nationale et odeur distinctive de l’Indonésie.
Des étals colorés présentent des fruits exotiques en abondance : mangue, ramboutan, salak... À Jakarta, ville cosmopolite de tous les groupes ethniques d’Indonésie, environ trois cents, nous trouvons toutes les formes de cuisine, d’où ces fruits en abondance.
J’achète une cigarette, vendue à l’unité. Le gouvernement de l’époque, après la crise asiatique et sous la pression du FMI. – Fonds Monétaire International - pour entamer des réformes drastiques en échange d’un soutien financier, décida que le paquet de cigarettes pouvait être divisé. Réforme populaire.
Entre temps, le prix du kilo de riz, alimentation de première nécessité passa de mille à deux mille cinq cents rupiahs le kilo – dix à vingt-cinq centimes d’euros.
Lors de ces journées terribles pour [le] peuple indonésien, surtout urbain, le chaos régna à Jakarta, on dénombra officiellement 1198 morts (officieusement plus de trois mille). Comme toujours les chiffres de la « police et des syndicats » ne concordent pas. La plupart des victimes faisaient partie de la communauté chinoise, bouc émissaire pris pour cible car détenant les ficelles financières du pays. Les magasins leur appartenant furent pillés lors de ces émeutes.
Une envie pressante me prend aux tripes. Je cherche les toilettes du regard. J’aperçois au bout du quai des inscriptions : wanita – femmes et pria – hommes, anecdote au passage, lors de mon premier voyage en Indonésie, j’ai cru que c’était un lieu de prière ! Un peu de courage, avec la peur au ventre mais une forte envie de pisser, j’entre dans ce lieu, qui pourrait faire l’objet d’un « beau livre » photos. Toilettes turques et baquet d’eau avec gamelle plastique me renvoie des couleurs... et des odeurs des plus fortes qui soient ! Mon pipi terminé, je me lave tout en faisant attention à laisser l’endroit propre pour le suivant. Il n’y a pas de papier hygiénique, risque de boucher car le tout-à-l’égout est quasiment inexistant à Jakarta.
Je pars le long des voies, accompagnant certaines personnes qui rejoignent leurs domiciles. Jalan-jalan , un peu de marche à pied me fera le plus grand bien.
Un brûlis d’ordure renvoie des fumées dans le sens du vent, dans ma direction. Les ordures ménagères sont brûlées en fin d’après-midi, sauf tout ce qui est récupérable : plastique, fer ou carton. En se baladant dans les rues de la ville, nous pouvons croiser des gens chargés de sac en toile de jute sur leur dos, rempli de bouteilles plastiques ou encore, des charrettes pleines de cartons. Prendre son courage à deux mains et visiter une décharge publique à Jakarta. Il y a là une faune de gens qui cherche, gratte, trifouille, pour accumuler un trésor de guerre de tout ce qui est récupérable. Le kilogramme de carton récupéré vaut de deux milles à trois milles rupiahs le kilogramme – vingt à trente centimes d’Euros - suivant la qualité, un demi euro. Les bouteilles d’eau (air en indonésien, cela ne s ‘invente pas !) se négocient entre deux cents et trois cents rupiahs - deux à trois centimes d’Euro -.
Levant les yeux au ciel, je vois des sacs plastiques noirs qui s’accrochent comme des décorations au sapin de Noël. C’est une plaie la pollution de notre siècle dans les pays en voie de développement.
La chance me sourit. Il se met à pleuvoir avec un violent orage, comme accoutumé à cette saison. Pour la énième fois, je prendrai un bain jusqu’aux cuisses dans les rues avoisinantes. Une baignade ne fait jamais de mal à personne. Le seul inconvénient, nous sortons couleur marron, les égouts remontent tout ce que nous pouvons imaginer.
Je continue lentement en faisant attention aux trains devant et derrière moi. Je marche entre les deux voies, saluant au passage deux hommes qui jouent aux échecs, assis sur un sofa, placé ici par je ne sais quel miracle.
Des enfants tentent de lancer dans le ciel leur cerf-volant, occupation populaire en Indonésie. Une femme, assise sur un rail, se cache le sein en me voyant. Elle allaite son bébé « Dari mana ? » - D’où venez-vous ? Question souvent posée aux étrangers. « Jakarta Jalan Kebon Sirih », lui répondis-je, sous le regard interloqué de mon auditrice. Des gamins accourent vers moi : « Hello Mister, foto, foto... ». « O.k. anak-anak » - enfants. Mon appareil photo numérique me sert pour ce genre d’occasion.
Clic, clac, label non cité, les amuse comme expression. Ils s’agglutinent autour de moi, rient aux anges en se voyant dans le petit écran. Un de gamins veut que je lui découpe la photo ! Je reste assez longtemps pour shooter quelques portraits, cette fois-ci avec mon gros appareil. Ils ont oublié le fotografer Perancis - photographe français..
Un homme marchant en équilibre sur un rail, porte sur son épaule un genre de faitout, avec des tasses plastiques, le tout accroché à un morceau de bambou. Il propose air putri - eau bouillie. Vous (en) trouverez dans la rue et l’on vous servira un verre d’eau chaude dans les échoppes. L’eau n’est pas potable et les Indonésiens la font bouillir avant de la consommer. Malgré tout, je ne fais jamais attention quand je bois mon es te manis - thé glacé sucré – rempli de glaçons. Je touche du bois, n’ayant jamais été malade.
Allez, je ne tarde pas car mes amis vont s’inquiéter. A chaque expédition, par sécurité je ne me munis qu’une photocopie de mon passeport et de quelques rupiahs. Si je ne rentre pas à l’heure dite, ils téléphoneront à l’hôpital catholique Cikini connu du centre de Jakarta. Nous, nous ne sommes jamais trop prudents, malgré tout, les mésaventures qui m’arrivent sont plus anecdotiques que dangereuses.
Pleins de maisons sont alignées le long des voies où des milliers de gens vivent, les habitations construites de bric et de broc.
L’ambiance est joyeuse dans ces maisons. Des jeunes grattent sur leur guitare en sifflotant un air de Peter Pan, groupe à la mode ou le dernier air du favori Idol Indonesia, émission ravageant les esprits dans le monde entier. Des jeunes filles, devant la télévision, chantent à tue-tête, en répétant les paroles qui défilent en bas de l’écran. Les Indonésiens aiment le Karoké. Ce divertissement a pour origine le Japon, Kara signifiant vide et Oké, orchestration. Il est vrai que c’est parfois bien vide comme le « Dangdut » - Boum-Boum - reprise par des chanteurs d’occasion d’airs anciens qui envahissent les écrans de télévision et les fêtes familiales.
Une femme fait le ménage en balayant jusqu’aux pierres qui consolident les voies. Un peu plus, elle laverait les traverses !
Le soir venu, en identifiant mes pellicules, un film défile dans ma tête. Je ne retiens de cette journée, que le sourire et la joie de vivre des Indonésiens.
C’était une journée ordinaire dans-sur-à côté du train à Jakarta, capitale d’Indonésie, Ile de Java.
Texte de Philippe FOUCHARD
Le Bahasa Indonesia, la langue officielle définit par ce joli nom le train : Kereta Api – cheval de feu. La société K.A.I. – Kereta Api Indonesia - exploite le réseau de chemin de fer. Les lignes se limitent à Java et à Sumatra. C’est à Java, que les trains sont les plus confortables avec trois classes distinctes : Executive , Bisniss et Ekonomi . Le train à Jakarta est d’un tout autre ordre. A l’inverse des trains longue distance, il n’existe pas de classes. Toutes sont Ekonomi et Executive... par l’imagination, suivant la position sociale où nous souhaitons nous situer. Quoi qu’il en soit, les transports, surchargés, sont insuffisants partout. Malgré les efforts de Jakarta, qui a ouvert en 2004 le Busway, un réseau en site propre de quelques treize kilomètres, établis le long des artères les plus congestionnées.
Le matin de bonne heure, l’Indonésien sort de Jalan Jaksa, son lieu de vie. On dit beaucoup de choses avec jalan. Il signifie marcher ou se promener (jalan-jalan), mais aussi voie de chemin de fer (jalan kerata api) et rue. Jalan Jaksa est la rue des hôtels bon marché de la capitale, c’est là que les routards du monde entier échouent. Quand vous dites à un Jakartien : « Di mana dari Jaksa » - je viens de Jaksa- il décoche un sourire en coin.
De mauvaise réputation, Jalan Jaksa fourmille d’une vie extraordinaire. Une faune et une ambiance qui n’existent nulle part ailleurs. Des jeunes avec leur sac à dos déambulent pour négocier leur chambre dans les hôtels. Des femmes aux enfants métis, le plus souvent d’un père bule - étranger à la peau blanche - s’accrochent à leur jupe... souvent très courte ou au jean. Elles se promènent, une banane frite à la main, un soda dans l’autre, sans but précis. Les warung makan - petits restaurants en plein air - envahissent les trottoirs. Des homos chattent dans les cybercafés Internet, ouverts vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Des ojek - motocyclistes transportant des passagers - attendent un client en faisant un brin de causette, ou une sieste sur le trottoir. Tandis que les taxis et les bajaj , triporteurs oranges avec leur moteur, crachant de la fumée, roulent au pas pour héler un passant. Sans oublier tous les cafés, le « Betawi », le « Papas Café » et le « Memories Cafe »... où des groupes de musique se succèdent chaque soir, remplis d’ « expat » souvent ivres. C’est la rue de tous les vices, la rue de toute la vie.
Un bon kilomètre plus loin on atteint la gare de Gondagdia, la même deux ans auparavant. Ici les machines, qui fument et grondent... ce sont les hommes. Voie A ou B ? Direction Utara - Nord - ou Selatan – Sud ? Tous ces noms de station font rêver. Mille cinq cents rupiahs (quinze centimes d’euros) pour Pasar Mingu, le marché du dimanche... ouvert tous les jours de la semaine. La première impression que laisse le train à Jakarta, c’est la foule. Non pas celle des « pas perdus » à Saint-Lazare, avec ses cadres s’en allant dans les tours de la Défense tous les matins, rejoindre leur lieu de travail, mais plutôt celle de la vie avec un grand V. Des familles qui ont passé la nuit dans le hall, rangent leur lieu « d’habitation ». Ils quémandent leur sarapan pagi, petit-déjeuner, composé le plus souvent de thé, de riz et de fruits. Les enfants sales comme des peignes entament une partie de football au milieu des gens. Une femme, une bassine dans le caniveau, lave son linge. Un orang tua - vieil homme - plie ses cartons, précieuse couche qu’il garde pour la nuit prochaine. Le premier train arrive, avec une exactitude digne d’une certaine société nationale. C’est le moment que choisissent les vendeurs de rue (de train !) pour traverser les voies et investir les voitures.
Comme à mon habitude, je m’imagine demi de mêlée dans le XV de France et « rentre dedans ». C’est une bousculade sans nom pour monter dans le wagon. Des jeunes, principalement des étudiants, grimpent sur le toit, s’agrippant aux fenêtres et aux pics tordus installés, genre anti-pigeons. Une fois sur le toit, ils s’assoient coincés sous les fils électriques. Si l’un d’eux se lève c’est la mort assurée. Au lieu de cela, ils grattent sur leurs guitares, se souhaitant selamat makan, bon appétit, en dévorant leurs petits-déjeuners.
« Hello Mister ! » me siffle l’un de ces jeunes. Il me tend la main. Un instant de réflexion. «Tidah mekesi » - Non merci. Ce ne sera pas cette fois-ci que je prendrai des photos « Vu d’en Haut », mon matériel photo et les poches remplies de pellicules ne me le permettraient pas.
Serrées comme des sardines à l’intérieur, certains s’accrochent à l’extérieur du train, collés comme des geckos. Ce petit reptile, doté de cinq cents milles poils sous chaque patte, et s’accrochant à des parois mille fois plus lisse que le verre, a la faculté de porter chance. Ils pullulent en Indonésie. Les Javanais portent une attention particulière au mysticisme et au paranormal. En trouver un avec deux queues, comme chez nous un trèfle à quatre feuilles et le garder dans son portefeuille vous assure une réussite dans les affaires ou bien au casino. Si vous entendez un nombre impair du chant du gecko, sama-sama - pareil.
Pour revenir à nos voyageurs, d’autres se tiennent par la ceinture dans l’encadrement de la porte, retirée depuis des lustres, pour ne pas tomber sur la voie.
Le train démarre lentement. Il prend de la vitesse. Bang, bang, bang. Le rideau est levé sur la pièce de théâtre.
Un jeune garçon crie « Kompas, Kompas ! », le nom d’un journal national indonésien. Il croule sous un paquet de papiers qui donne les nouvelles de la veille. Sa petite bouille et ses yeux brillants me fait sortir mon appareil photo, caché sous ma veste par sécurité. Les gens me fixent.
Je ne connais pas la peur physique dans mon métier de photographe, mais la peur pour mon matériel. Imaginez, un Bule n’a comme moyen de transport que le train. Dans un guide connu de tous les routards de la terre entière, le train n’apparaît pas sous la rubrique « Comment circuler » à Jakarta. Et c’est bien dommage. Je me promets d’être le guide pour une agence de voyage !
La veille, un taxi fût braqué en plein jour par un homme pour voler son passager australien. Je le lis sur l’un des journaux de mon gamin, crieur de... ces mêmes journaux.
Mes amis indonésiens, depuis belle lurette, ne veulent plus m’accompagner dans mes chevauchées fantastiques de la jungle urbaine. Ils me traitent de orang gila - homme fou - car le train, pour eux, n’est pas un moyen sûr de déplacement. C’est plein de « criminals », pour un indonésien, toute la délinquance réunie.
Je shoote au grand angle, qui me donne une vision extraordinaire derrière mon objectif. Parfois, cela fait rêver. Victor Hugo a dû voyager pour écrire Notre-Dame de Paris et sa cour des miracles. Oui, la cour des miracles... Esmeralda absente !
Trois petites filles s’arrêtent en tête du wagon. La première croule sous un gros haut-parleur et un lecteur de cassettes. La seconde tient un micro en chantant à merveille. Et la troisième, haut comme trois pommes, se déhanche pour ressembler à une danseuse du ventre, elle n’a pas plus de cinq ans. Elle tend son sachet vide de « Riso », marque de lessive, dont le contenu sonne des petites pièces, récoltées depuis un bon moment. Leurs visages sont tristes à mourir.
Ne pas donner d’argent qui inciterait leur patron à continuer cet esclavage des temps modernes. Il dépose ces enfants la nuit, quand la police ne contrôle plus et ramasse l’argent le soir suivant. Et malheur à à elles, si elles ne fournissent pas la somme escomptée.
Un cul-de-jatte, aux moignons sanguinolents, les deux jambes attachées par un bout de ficelle, se traîne péniblement. Un aveugle suit se cognant aux passagers.
Te botol, pisang,te botol, pisang... - thé, banane, thé, banane -. Je suis surpris par cet homme me bousculant, avec sa glacière à roulettes. « Mas, berapa ? » – Combien ça coûte ? Mon estomac glousse depuis un bon moment, je n’ai avalé qu’un thé sur le pouce avant de partir. Je me goinfre de ces petites bananes pâteuses, jetant ensuite la peau sur le plancher, réflexe et mauvaise habitude que j’ai prise en Indonésie.
J’ai honte. A ce moment précis, un jeune homme se traîne à mes pieds avec un balai sans manche, poussant des ordures et tendant une main. C’est la femme de ménage des wagons.
À chaque instant, les gens jettent une pièce à toute cette population de mendiants. L’aide, la solidarité tient une grande place dans la société indonésienne. Une femme musulmane pratiquante m’expliquait que son dieu Allah la regardait et notait tout dans un grand livre. Et si un jour, elle se retrouverait dans la même situation, les gens n’oublieraient pas sa générosité.
Le train beuglant à travers les habitations salit tout sur son passage. Nous appelons en Occident ces habitations, des bidonvilles. En regardant défiler le paysage, je réfléchis un instant sur l’origine de ce mot, sans réponse.
J’aperçois au loin une mosquée. Je me remémore un souvenir. A Glodok, quartier nord de Jakarta, j’entraperçus une « Musulla », mosquée des autres jours que le vendredi, jour de la grande prière. Elle est coincée entre la ligne de chemin de fer et un large fossé rempli de tout ce que vous pouvez imaginer. Le seul accès pour l’atteindre est une petite passerelle en bois. Au passage d’un train, le muezzin gueulait littéralement pour appeler à la prière, ses paroles couvertes par l’avertisseur de la locomotive.
Je décide de changer de wagon, la populace s’étant clairsemée au fil des stations. Je tombe nez à nez sur un vendeur de... matelas ! Je me promets si un jour je cherche à m’installer, ce sera dans un train...
Un panneau fonce droit sur moi. Je me dégage au dernier moment. Un mètre sur deux, couvert de lunettes et de montres, un jeune garçon propose des lunettes de vue. Beaucoup d’Indonésiens ne connaissent pas l’ophtalmologiste mais simplement l’achat de lunettes, environ deux cents milles rupiahs – vingt Euros - dans une boutique et même... dans le train. Véridique, je l’ai vu de mes propres yeux !
Parmi les occupants, j’allais oublier... les nyamuk, comme son nom l’indique, les moustiques. Ils volent, se rapprochent de vos oreilles pour vous signaler l’attaque et piquent à tous les endroits de votre corps. Les moustiques, apportent depuis quelques années une recrudescence de la dengue. Cette maladie représente environ 1 % du nombre de décès en Indonésie. Et parfois, le gouvernement ouvre les hôpitaux gratuits aux pauvres, lorsque certaines années de pluie abondante, le chiffre monte à 2 %. J’ai la vague impression, lors du voyage, qu’ils montèrent dans mon wagon ! Comme me l’a dit un jour un ami, les moustiques aiment les touristes.
Dans un bruit de casserole, les wagons se cognèrent les uns aux autres, j’arrive à destination.
Je descends sur le quai de la station, qui ferait penser à un marché de nos campagnes. Des petites roulottes qui se nomment kaki lima - cinq pieds – avec deux roues de bicyclette, deux bouts de bois servant de supports à l’avant et un autre à l’arrière pour la stabiliser à l’arrêt, sont remplis de tout ce que nous souhaiterions trouver dans un supermarché.
Je m’arrête pour acheter un CD de musique, une copie bien évidemment. Le vendeur n’a pas l’album que je souhaite, de la musique acihais, version rock. Un artiste très en vogue à Banda Aceh. « Minut, Mister ». Cinq minutes passent et mon disquaire revient avec le CD musique. Je le paye trois milles rupiahs – trente centimes d’Euros -.
Je ne me ruinerais pas si mon ordinateur ne l’accepte pas.
Le warung makan - petit restaurant de rue - est répandu. A toute heure du jour et de la nuit, des gens sirotent un thé, déguste un mie baso – bol de pâtes avec des boulettes de viande reconstituée, généralement du buffle – en fumant une kretek, cigarette au clou de girofle, fierté nationale et odeur distinctive de l’Indonésie.
Des étals colorés présentent des fruits exotiques en abondance : mangue, ramboutan, salak... À Jakarta, ville cosmopolite de tous les groupes ethniques d’Indonésie, environ trois cents, nous trouvons toutes les formes de cuisine, d’où ces fruits en abondance.
J’achète une cigarette, vendue à l’unité. Le gouvernement de l’époque, après la crise asiatique et sous la pression du FMI. – Fonds Monétaire International - pour entamer des réformes drastiques en échange d’un soutien financier, décida que le paquet de cigarettes pouvait être divisé. Réforme populaire.
Entre temps, le prix du kilo de riz, alimentation de première nécessité passa de mille à deux mille cinq cents rupiahs le kilo – dix à vingt-cinq centimes d’euros.
Lors de ces journées terribles pour [le] peuple indonésien, surtout urbain, le chaos régna à Jakarta, on dénombra officiellement 1198 morts (officieusement plus de trois mille). Comme toujours les chiffres de la « police et des syndicats » ne concordent pas. La plupart des victimes faisaient partie de la communauté chinoise, bouc émissaire pris pour cible car détenant les ficelles financières du pays. Les magasins leur appartenant furent pillés lors de ces émeutes.
Une envie pressante me prend aux tripes. Je cherche les toilettes du regard. J’aperçois au bout du quai des inscriptions : wanita – femmes et pria – hommes, anecdote au passage, lors de mon premier voyage en Indonésie, j’ai cru que c’était un lieu de prière ! Un peu de courage, avec la peur au ventre mais une forte envie de pisser, j’entre dans ce lieu, qui pourrait faire l’objet d’un « beau livre » photos. Toilettes turques et baquet d’eau avec gamelle plastique me renvoie des couleurs... et des odeurs des plus fortes qui soient ! Mon pipi terminé, je me lave tout en faisant attention à laisser l’endroit propre pour le suivant. Il n’y a pas de papier hygiénique, risque de boucher car le tout-à-l’égout est quasiment inexistant à Jakarta.
Je pars le long des voies, accompagnant certaines personnes qui rejoignent leurs domiciles. Jalan-jalan , un peu de marche à pied me fera le plus grand bien.
Un brûlis d’ordure renvoie des fumées dans le sens du vent, dans ma direction. Les ordures ménagères sont brûlées en fin d’après-midi, sauf tout ce qui est récupérable : plastique, fer ou carton. En se baladant dans les rues de la ville, nous pouvons croiser des gens chargés de sac en toile de jute sur leur dos, rempli de bouteilles plastiques ou encore, des charrettes pleines de cartons. Prendre son courage à deux mains et visiter une décharge publique à Jakarta. Il y a là une faune de gens qui cherche, gratte, trifouille, pour accumuler un trésor de guerre de tout ce qui est récupérable. Le kilogramme de carton récupéré vaut de deux milles à trois milles rupiahs le kilogramme – vingt à trente centimes d’Euros - suivant la qualité, un demi euro. Les bouteilles d’eau (air en indonésien, cela ne s ‘invente pas !) se négocient entre deux cents et trois cents rupiahs - deux à trois centimes d’Euro -.
Levant les yeux au ciel, je vois des sacs plastiques noirs qui s’accrochent comme des décorations au sapin de Noël. C’est une plaie la pollution de notre siècle dans les pays en voie de développement.
La chance me sourit. Il se met à pleuvoir avec un violent orage, comme accoutumé à cette saison. Pour la énième fois, je prendrai un bain jusqu’aux cuisses dans les rues avoisinantes. Une baignade ne fait jamais de mal à personne. Le seul inconvénient, nous sortons couleur marron, les égouts remontent tout ce que nous pouvons imaginer.
Je continue lentement en faisant attention aux trains devant et derrière moi. Je marche entre les deux voies, saluant au passage deux hommes qui jouent aux échecs, assis sur un sofa, placé ici par je ne sais quel miracle.
Des enfants tentent de lancer dans le ciel leur cerf-volant, occupation populaire en Indonésie. Une femme, assise sur un rail, se cache le sein en me voyant. Elle allaite son bébé « Dari mana ? » - D’où venez-vous ? Question souvent posée aux étrangers. « Jakarta Jalan Kebon Sirih », lui répondis-je, sous le regard interloqué de mon auditrice. Des gamins accourent vers moi : « Hello Mister, foto, foto... ». « O.k. anak-anak » - enfants. Mon appareil photo numérique me sert pour ce genre d’occasion.
Clic, clac, label non cité, les amuse comme expression. Ils s’agglutinent autour de moi, rient aux anges en se voyant dans le petit écran. Un de gamins veut que je lui découpe la photo ! Je reste assez longtemps pour shooter quelques portraits, cette fois-ci avec mon gros appareil. Ils ont oublié le fotografer Perancis - photographe français..
Un homme marchant en équilibre sur un rail, porte sur son épaule un genre de faitout, avec des tasses plastiques, le tout accroché à un morceau de bambou. Il propose air putri - eau bouillie. Vous (en) trouverez dans la rue et l’on vous servira un verre d’eau chaude dans les échoppes. L’eau n’est pas potable et les Indonésiens la font bouillir avant de la consommer. Malgré tout, je ne fais jamais attention quand je bois mon es te manis - thé glacé sucré – rempli de glaçons. Je touche du bois, n’ayant jamais été malade.
Allez, je ne tarde pas car mes amis vont s’inquiéter. A chaque expédition, par sécurité je ne me munis qu’une photocopie de mon passeport et de quelques rupiahs. Si je ne rentre pas à l’heure dite, ils téléphoneront à l’hôpital catholique Cikini connu du centre de Jakarta. Nous, nous ne sommes jamais trop prudents, malgré tout, les mésaventures qui m’arrivent sont plus anecdotiques que dangereuses.
Pleins de maisons sont alignées le long des voies où des milliers de gens vivent, les habitations construites de bric et de broc.
L’ambiance est joyeuse dans ces maisons. Des jeunes grattent sur leur guitare en sifflotant un air de Peter Pan, groupe à la mode ou le dernier air du favori Idol Indonesia, émission ravageant les esprits dans le monde entier. Des jeunes filles, devant la télévision, chantent à tue-tête, en répétant les paroles qui défilent en bas de l’écran. Les Indonésiens aiment le Karoké. Ce divertissement a pour origine le Japon, Kara signifiant vide et Oké, orchestration. Il est vrai que c’est parfois bien vide comme le « Dangdut » - Boum-Boum - reprise par des chanteurs d’occasion d’airs anciens qui envahissent les écrans de télévision et les fêtes familiales.
Une femme fait le ménage en balayant jusqu’aux pierres qui consolident les voies. Un peu plus, elle laverait les traverses !
Le soir venu, en identifiant mes pellicules, un film défile dans ma tête. Je ne retiens de cette journée, que le sourire et la joie de vivre des Indonésiens.
C’était une journée ordinaire dans-sur-à côté du train à Jakarta, capitale d’Indonésie, Ile de Java.
Texte de Philippe FOUCHARD