MINES D'OR - Commune de Pasaman - Île de Sumatra - Indonésie
Sumatra est une île extrêmement riche en réserves naturelles, à la faune abondante, à l’architecture islamique et l’époque coloniale, aux lacs de montagnes d’une beauté à coupé le souffle et aux rivières impressionnantes. Elle abrite également des peuples de diverses cultures : les anciens chasseurs de tête et cannibales des régions batak, les musulmans minangkabau, matrilinéaires, ainsi que les populations indigènes de Pulau Nias et des îles Mentawai qui jusqu’au début du siècle, n’avaient encore eu aucun contact avec le monde extérieur. Pasaman est une commune de la région Sumatra Ouest. Elle se trouve sur la ligne de l’équateur, occupant une superficie de 74000 km2.
Dans cette région de Sumatra y vit différentes ethnies : Javanaises, Batak et Tapanuli, mais la principale est le peuple de Minang ou Minangkabau, sa culture est le matriarcat. Pour l’origine du nom Minangkabau, nous retiendrons la légende de David et Goliath. Il y a environ 600 ans, l’un des rois de Java désirant s’emparer de leur territoire commit l’erreur d’envoyer un messager pour avertir la population des ses intentions et la forcer à se rendre. Les astucieux Sumatranais, n’étant pas prêts à céder sans se battre, proposèrent pour éviter d’inutiles épanchements de sang, un combat entre taureau javanais et un taureau sumatranais.
Les sumatranais envoyèrent un jeune buffle non sevré se battre contre un énorme taureau javanais – une ruse qui surprit autant l’animal que le public. Le buffle apparemment sans défense, fonçat résolument sur le taureau et se mit à presser son museau sur le ventre de celui-ci en quête de lait. Peu de temps après, le taureau laissa échapper un beuglement de douleur et prit la fuite, la panse sanglante et le buffle à ses trousses. Lorsque le taureau finît par tomber raide mort, les Sumatranais pûrent s’exclamer : « minangkabau, minangkabau ! », signifiant litéralement, « le buffle gagne, le buffle gagne ! ». En fait les propriétaires du buffle l’avaient séparé de sa mère quelques jours avant le combat. A moitié de mort de faim et les cornes parés de pointes métalliques acérées, le jeune buffle, pour apaiser sa faim, déchiqueta le ventre du taureau.
A Sumatra, au-dessous de l’équateur, ligne imaginaire tracée autour du globe terrestre à égale distance du pôle Sud et du pôle Nord, où le soleil est exactement au zénith à midi tous les jours d’équinoxe, se trouve le village de Alahanmati dans le district de Bonjol. Quand vous arrivez à Bonjol, vous pouvez y visiter un musée... sans visiteurs, et une ligne tracée sur la route. Pour la photo, vous choissisez le nord et le sud. Et bien entendu, vous vous sautez à pied joint pour sauter d’une partie à l’autre du globe. Quelques indonésiens y vendent des t-shirts et des babioles en souvenir de cette ligne qui fait rêver et à fît beaucoup couler d’encre.
Les trois quarts de la population travaillent comme agriculteurs, et la dernière frange de cette population, comme chercheur d’or. Parler de chercheurs d’or évoque aussitôt la Californie et la ruée vers l'or, Far-West, cow-boys, chemises à carreaux et revolvers. On pourrait penser que l'histoire de l'or débute au 19ème siècle dans les vastes contrées de l'Ouest américain. Dans ce village, il n’en ai rien. Et la réalité est une autre histoire, beaucoup moins glorieuse.
Pendant la colonisation de Indonésie jusqu’à l’indépendance de l’Indonésie en 1945, les Hollandais exploitèrent ces mines en faisant travailler les indonésiens comme des forçats, quasiment ils sont devenus des esclaves. Les Sumatranais les nommaient les « travailleurs de l’or. » Quand les Hollandais abandonnèrent leur conquête territoriale, ils laissèrent environ douze mines d’or dans ce petit monde de l’Indonésie. Ce n’est seulement que depuis 1985, que les indonésiens de la région ont recommencé à exploiter ces mines. Aujourd’hui il y a environs cent mines d’or comprenant neuf groupes de mineurs.
Ces exploitations n’appartiennent ni au gouvernement indonésien ni au gouvernement local, mais aux habitants, aux « petits gens » de la région, expression de l’époque moyennageuse, qui se lit parfois. Ces mines d’or se trouvent sur la colline de Pamiciakan à environ quatre cents mètres d’altitude. Partir le matin de bonne heure, avec les mineurs, au milieu rizières, accompagnées des enfants du villages sur la première partie du parcours, nous sommes subjugés par cette enthousiaste du travail, de la vie à l’état pure. Le bonheur se ressent, se voit. Les yeux des hommes fourbus du travail de la veille sont pétillants. Ils partent le sourire aux lèvres.
Après deux heures de marche aux milieux des rizières où les paysans plantent, raclent les champs, et une montée épuisante à travers un sentier au milieu de la jungle, humidité insupportable, « un pas en avant, deux en arrière », des cris et des bruits étranges, nous arrivons dans un endroit digne de Zola et son « Germinal », la couleur noire remplacé par un vert de sauvagerie.
Pour travailler, ils utilisent des outils très simples comme la houe, pied-de-chèvre, marteau sans utiliser le détecteur de métaux. Pour creuser la terre, ils comptent seulement sur leurs expérience et s’ils ne trouvent pas le filon, ils changent d’endroit. Inlassablement, ils recommencent à creuser jusqu’à ce qu’ils trouvent de nouveau les mines, parfois jusqu’à 20 m au dessous de la terre. Pour creuser, ils utilisent un compresseur d’air relié à un tuyau jusqu’au mines. Pour éclairer, ils utilisent une lampe frontale. La fouille est très dangereuse car il n y a pas du tout de sécurité pendant qu’ils se trouvent dans les mines. En première étape, ils construisent une porte d’entrée de 130 cm de hauteur, ensuite un tunnel de 10 m de longueur et de 40 cm de hauteur sur le quel ils construisent des rails en bois pour la marche de trolley. Ils avancent en rampant. Dans les mines se trouve beaucoup de compartiments, parce qu’ils creusent en se basant sur la forme de la corde qui entoure l’endroit où la terre contient de l’or. Ils agrandissent le trous quand ils trouvent les pierres qui contiennent de l’or.
Le déroulement de prélèvement de pierres d’or. Un groupe de mineurs se compose de 10 personnes minimum et 13 personnes maximum.. La division du travail : 3 personnes travaillent comme chercheurs de minerai aurifère (pierres d’or ?), 8 personnes comme porteur jusqu’au trolley, 2 personnes comme porteur jusqu’à l extérieur de la mine par le trolley.
Déroulement du travail : 3 personnes entrent dans une mine pour chercher le minerai aurifère et ils travaillent pendant 2 heures. 8 personnes prennent le relais pour ressembler et mettre les minerais aurifères dans des sac de jute les amènent jusqu’au trolley en rampant. Les 2 autres personnes les transportent avec le trolley jusqu’à l’extérieur de mine. Ensuite, ensemble, ils les sortent des sacs et les cassent en tous petits morceaux à coups de marteau et de nouveau ils les mettent dans des sacs.
La fouille est faite par 2 groupes : le groupe du jour et le groupe du soir. Pour transporter les minerais aurifères jusqu’au village, ils payent des porteurs. Les porteurs les transportent au village, 2 heures de marche à pied depuis ces exploitations. Ils sont payés 10.000 roupies par sac. Un sac pèse 40 kg. Un porteur peut porter 3-4 sac par jour. En général, un groupe peut produire 40 sacs de pierres d’or par jour.
Les pierres sont écrasées en petits morceaux ensuite ils les mettent dans un broyeur. Puis on y rajoute le mercure "Le mercure est lui utilisé pour le traitement du minerai. La propriété qu'il a d'amalgamer l'or est employée pour dégager l'or fin de la boue. L'or pur, est ensuite récupéré en faisant chauffer l'amalgame. Le mercure s'évaporant. Si cette opération n'est pas réalisée à l'aide d'un alambic appelé retorte qui permet la récupération du mercure évaporé, celui-ci devenu gazeux va se transformer en méthylmercure :
C'est donc bien du mercure qui est chauffé directement pour recueillir le mélange or /argent !!! sur l'impact du mercure dans l'environnement gyannais autour des sites d'orpaillage. "La procédure d'amalgamation entre l'or et le mercure élémentaire est à l'origine de très importants rejets directs et indirects de mercure dans l'environnement : depuis la fin du siècle dernier, plusieurs milliers de tonnes auraient été rejetés en Amazonie brésilienne. En Guyane française, les chiffres officiels indiquent 230 tonnes entre 1857 et 1992, sur la base de 1,3 kg de Hg pour 1 kg d'or produit ; toutefois, ces données traduisent une forte sous-estimation des rejets, étant donné l'importance des activités clandestines dans ce domaine."
D'où vient le mercure : Le mercure se trouve principalement sous forme naturelle comme sulfure de mercure (HgS) de couleur rouge vermillon appelé aussi cinabre. (air raksa=quicksilver, en anglais) et 3 fer de balles (peluru=bullet en anglais) et ils les broient pendant 24 heures. Ensuite , filtré par un tissu de parasol pour séparer le mercure et de l’or. Dans cette phase on y trouve de l’or blanc, de l’or, mercure. Ensuite, on brûle de l’or avec vitriol d’argent (air keras perak=hydrochloric /silver zinc, en anglais) et ensuite ils le brûlent avec un fer à souder pour avoir de l’or pur. En procédant bien, ils peuvent produire de l’or 24 carat et prêt à être vendu. Le prix de l’or de 24 carat est environs 100.000 roupies par gramme. 40 kg de minerai produit 1 gramme de l’or. En un mois ils peuvent produire 400 gramme d’or.
Deux modes spécifiques de contamination humaine • L’exposition des travailleurs de l’or aux vapeurs de mercure dégagées lors des opérations d’enrichissement du minerai aurifère (orpailleurs) et de purification des lingots (raffineurs). Ce premier mode, direct, de contamination peut entraîner des troubles de la santé du fait d’expositions prolongées et répétées. Ceux-ci concernent les voies respiratoires, le système gastro-intestinal et le système nerveux central, ce dernier pouvant être l’objet d’altérations irréversibles. Le caractère souvent clandestin et précaire des activités d’orpaillage ne favorise pas l’usage de techniques qui éviteraient ou du moins réduiraient cette contamination. • L’exposition de la population à un dérivé du mercure, le méthylmercure, principalement par la consommation de poissons eux-mêmes contaminés. Cette seconde forme d’exposition est beaucoup plus difficile encore à maîtriser. La méthylation du mercure, qu’il soit issu de l’orpaillage ou contenu dans les sols à l’état " naturel ", relève d’activités bactériennes dans des milieux aquatiques privés d’oxygène et riches en matière organique. La diffusion du mercure est facilitée par la déforestation - la libération du mercure étant plus facile sur les sols dénudés — et par l’aptitude de ce métal à se complexer aux fines suspensions argilo-organiques véhiculées par les eaux. La contamination des poissons représente le maillon ultime de la chaîne de transfert vers l’homme : comme, pour beaucoup de populations amazoniennes, leur consommation représente la source essentielle de protéines, elle constitue donc un agent d’exposition quasi quotidienne au méthylmercure, et cela pas seulement dans les seules régions d’orpaillage. Cette imprégnation continue entraîne essentiellement l’apparition, tant chez l’adulte que chez l’enfant, d’atteintes neurologiques sévères, plus graves encore chez le fœtus au moment de la formation des organes. Une dangereuse source de pollution qui entrera dans la chaîne alimentaire. Ce méthylmercure se retrouve concentré dans les poissons, source importante de l'alimentation des populations humaines vivant traditionnellement en forêt."
Les habitants et les chercheurs d’or croient qu’il y a un lien harmonieux entre la nature et l’homme. Ils sont convaincus qu’il faut pas exploiter la richesse de la nature exagérément sans penser à l’avenir des futurs générations. Les chercheurs d’or témoignent d’une solidarité avec leur société. Leur travail ne sert pas seulement à subvenir à leurs propres besoins, mais sert aussi à aider les orphelins, à subventionner aussi bien la construction de la mosquée et l’école islamique que la construction des routes. Le partage est leur philosophie. Texte EDI- Apport scientifique Corinne GIRARDOT - Traduction Tony GUEIRRERO